Nature perfide...

Mortikal Nombre de messages : 1172 Age : 31 Date d'inscription : 30/12/2006

La Nature me cerne. Elle étreintait mes sabots, caressait de ses feuilles dentées mon poil, et enivrait mes narines d'une douceur fruitée. Les couleurs se décuplaient et variaient dès que mon oeil déviait. Le vert des feuilles, des arbres, et du sol, s'imprimaient sur mon visage. La rougeur des fruits mûrs, prêt à être dégustés, émerveillaient mes yeux. Le murmure des bêtes se faufilant au travers des buissons, des arbustes, ou voyageant à leur gré d'arbre en arbre. L'écorce craquelant de vieillesse. La rosée qui imbibait mes sabots d'une fine couche d'eau le matin, sabots qui avaient foulés maintes fois ce sol fécond. Il y'a peu, l'environnement s'était embelli. Bien dur à croire à la vue de la beauté indéniable qui ornait déja les lieux. Et pourtant... Tout n'était que plus beau...

Legolas de son ancien nom portait alors fièrement son statut de maître des Eléments. Il était l'amant de Dame Nature, celui qu'elle chérissait par dessus tout. C'est lui qui avait embelli ces jardins.

Et puis soudainement, l'herbe céda sous mes pieds, les feuilles jaunissaient et tombaient contre leur gré sans effleurer ma peau, sans même la teinter de leurs couleurs. Les fruits pourrissaient vulgairement et l'odeur fruitée n'était plus qu'un parfum fétide qui s'infiltrait contre mes narines endolories. Les bêtes périssaient, et les émanations putrides investirent peu à peu les lieux. Le sol se parsemait de cadavres en décomposition.
La rosée naissait vainement au creux des brins d'herbes à l'agonie. Les arbres n'étaient plus que des squelettes, dont les jambes menacaient de s'effondrer d'une minute à l'autre, dont les bras craquaient sinistrement sous la plus légère des brises. Le sang n'y coulait plus.

L'être, dont le nom ne mérite plus d'être cité, avait quitté sa nature, délaissé la beauté qui l'avait rendu fier de son oeuvre. Le jardin n'était plus qu'un cimetière, parce que le maître qui avait donné sa vie pour son élément l'avait perdue. Sa descente aux Has-been avait été amorcé.

Et tandis que dans l'indifférence de sa trahison, le maître déchu traversait le Styx, Dame Nature, elle, était veuve...

Dame Nature veuve, veuve de son être le plus cher qui la rendait d' un beauté incomparable et d' une fierté incommensurable... Là voilà qui s' enferme dans un voile ne laissant traverser que sa douleur et son désarroi, le jardin était désolation devant nos yeux. Le Maître perdu en était assurément la cause...

Nous même ne savons pas la ou les causes dirons nous, de ce départ sans retour qui l' a amené dans les rangs ennemis... Nous maîtres des éléments, n' avions vu la haine monter dans ses veines jusqu' au plus profond de son âme alors meurtrie par l' on ne sait quelle perfide magie...

Il avait laissé sa famille, pire encore, ce qui lui était certainement le plus cher en ce monde, sa raison de vivre...son attachement...son élément. Il l' a laissé en plan, comme l' on laisserait à l' abandon un vieux haillon auquel nous n' attachons plus aucune importance.

Notre jardin a perdu son âme qui l' embellissait chaque jour un peu plus, elle pleure cet abandon cruel sans trace d' excuse, sans un semonce de remord de la part du déchu Maître de la Nature...Légolas, quel' on connaît aujourd' hui sous le nom de Radhamanthe, membre de l' empire de Hadès, il s' auto-proclame juge des Has-been, celui qui décide de notre avenir. Il en a laissé un cruel exemple à son ancienne famille, si il nous considère encore comme cela aujourd' hui...ce piètre champ pourri et putride que l' on pouvait appeler auparavant.. jardin.

La vie est parfois étrange...

Elle vous porte et vous prend la main pour faire de votre misérable existence un véritable paradis. Le vent souffle et soulève vos cheveux, cachant un peu votre petite identité aux yeux du monde. L’ombre des arbres cache vos petites imperfections et vos petits coups bas. Les odeurs douces d'une prairie fleurie vous donnent parfois des ailes. Mais parfois, il s'avère que les odeurs se font plus aride, elles assèchent les paysages verdoyants et luxuriants de votre monde.

La beauté de cette nature si douce et si belle attire ou fait faiblir par son charme ses admirateurs ou même ses disciples. Et puis de fil en aiguille, la haine et la vengeance nait dans les esprits. La colère fait son apparition dans les esprits et même les fils les plus sages et les plus tendres peuvent mordre la main de leur mère.

Le rouge nait dans les yeux du fils. La force brute et sauvage se renforce et fait disparaitre le bonheur et la compassion d’une mère. L'enfant le plus merveilleux renie les siens et s’en va pour d’autres horizons...

Ce fut le cas de celui que l'on nomme à présent Rhadamanthe, juge des profondeurs, juge d'un monde sans passé, sans attachement... A présent, il ne fait confiance à personne, même si il n’oubli pas son passé. Il n'a plus de famille sauf celle qui porte la marque des ténèbres:

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